La cour de récréation des grands

Récréation des grands Certains lisent peut-être Géo Plein Air en espérant qu’un jour leur horaire leur permettra d’inclure de nouveau quelques-unes des activités qui occupaient une partie de leur vie, avant l’arrivée des enfants et les contraintes d’un travail exigeant. Pour l’heure, ils font ce qui doit être fait, en rêvant un peu… Alors que les enfants carburent au plaisir et que tous leurs défis naissent dans cet espace, nombreux sont ceux qui vieillissent en mettant de côté ce qui les passionne au profit des choses «qu’il faut faire».

Le problème, c’est qu’il y a toujours autre chose «de plus important à faire». Sans s’en rendre compte, les heures, les mois et les années passent. Puis, un jour, on retrouve ses raquettes empoussiérées au sous-sol, on se demande où le temps a filé et ce qu’il est advenu de cette flamme intérieure qui alimentait jadis les engagements du quotidien.

Travailler, assurément, mais à quelle intensité et à quel prix ?
Plusieurs des clients que je reçois en consultation privée sont des employés et des cadres d’entreprise à bout de souffle, qui se sentent vidés, un peu déroutés et qui ne ressentent plus de plaisir à faire ce qu’ils aimaient auparavant. Leur point commun? Avec les responsabilités et la folie de la vie, ils ont arrêté de s’écouter. Ils ont mis de côté la récréation dans la cour d’école au
profit de la performance, en oubliant que cette récréation procure des bienfaits physiques et psychologiques. Dépression, anxiété, épuisement professionnel, absentéisme, perte de motivation, sédentarité et embonpoint en sont parfois (mais pas toujours) les conséquences qui affectent clairement leur santé globale.

Durant mes conférences, j’aime rappeler qu’au­cun enfant que je rencontre rêve de devenir obèse, sédentaire, ennuyeux ou obsédé par le travail. Pourtant, quand on oublie la cour de récréation des grands, on accroît ses chances de présenter toutes ces caractéristiques.

Quelques statistiques accablantes
– Selon l’Organisation mondiale de la santé, de 35 % à 45 % des journées d’absentéisme au travail seraient attribuables à des problèmes de santé mentale, dans les pays développés. Et selon l’Association canadienne pour la santé mentale, 20 % des Canadiens seront personnellement touchés par la maladie mentale au cours de leur vie.

– Au Canada, les taux d’obésité et de surpoids sont en constante progression depuis 20 ans : selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 15 % des adultes canadiens étaient obèses et 33 % faisaient de l’embonpoint en 2003. À l’heure actuelle, un enfant sur quatre accuse un surpoids ou est obèse. Divers problèmes de santé qui touchaient jadis presque exclusivement les adultes, comme le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle, sont de plus en plus diagnostiqués chez des enfants obèses.

– Toujours selon l’enquête précitée, près de la moitié des Canadiens sont physiquement inactifs, et 24% d’entre eux ne sont pas assez actifs pour en tirer les meilleurs bienfaits
possibles pour leur santé.

La cour de récréation, au profit de la famille et de l’employeur
Si vous vous trouvez égoïste de vous adonner à votre activité préférée quelques heures par semaine, alors qu’il y a tant à faire à la maison, détrompez-vous. Tout le monde bénéficie des bienfaits que procurent ces périodes de jeu: libération d’endorphines, détente et contrôle du stress, regain d’énergie, créativité, réduction du risque de blessures, hausse du moral, meilleure concentration et meilleure santé. Ces bénéfices indiscutables contribuent certes à assainir votre environnement familial et professionnel.

Bien souvent, un des premiers conseils que je donne à mes clients, c’est de réintégrer des activités plaisantes dans leur agenda. «C’est comme ça que tu penses que je vais me remettre sur pied?» me demande Pierre*, un peu perplexe. «Non, mais c’est mon point de départ.»
Si on veut savoir comment réorienter sa vie, il est essentiel de se reconnecter à soi-même et de se libérer des «il faut que…», «je n’ai pas le choix de…», etc. En reconsidérant les choses qui nous font du bien et qui nous plaisent, on se donne l’espace nécessaire pour ressentir, évaluer, créer et ensuite agir selon nos convictions et nos motivations profondes. •

* Nom fictif.

Quelques trucs pour faire de la place pour une récréation dans votre horaire
Ouvrez l’agenda en début de semaine, bloquez quelques plages horaires pour votre activité et réglez tout de suite les détails (gardiennes, équipement, secrétaire, etc.). Aucune annulation n’est permise, que des changements de dates ou d’heures, en cas d’urgence seulement. Ce qui est déplacé n’est pas annulé: vous devez immédiatement trouver une autre période où insérer votre
activité.
2 Remplacez la pensée «Bof, c’est juste mon activité, je peux bien l’annuler» par «Ce moment où je refais le plein d’énergie est essentiel pour ma santé et pour que je donne le meilleur de moi-même; j’en fais une priorité.» Vous risquez ainsi de moins saboter votre engagement envers vous-même.
Désactivez la sonnerie de votre iPhone ou de votre BlackBerry.
4 Laissez savoir à vos proches quelles sont vos nouvelles priorités, et expliquez-leur votre démarche. Ils comprendront davantage vos motivations et, qui sait, ils suivront peut-être votre exemple.
Soyez réaliste en fonction de votre horaire et de vos habitudes. Si vous partez en voyage d’affaires, vous devrez être créatif. Si vous n’aimez pas vous adonner à votre activité
le matin, de grâce, trouvez un autre moment!
Acceptez d’emblée que tous ne comprendront pas votre motivation, que certains y verront même un geste égoïste. L’objectif n’est pas de gagner un concours de popularité, mais
de créer un environnement favorable à votre épanouissement personnel, familial et professionnel… et de maximiser votre santé globale.

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