Le psy qui fait rêver

Le psy qui fait rêver
Il y a quelques semaines, un jeune athlète me consulte, car il se dit déprimé. Perte d’intérêt, fatigue générale, difficulté à se concentrer, démotivation, sauf pour ses entraînements. Il appert que mon jeune athlète fou de son sport a la trouille d’échouer à sa prochaine compétition, qu’il a peur de rêver aux Olympiques de 2014 et, donc, qu’il fait du sabotage. Il écoute sa voix intérieure qui lui dit qu’il ne réussira jamais, et qui finit par le paralyser.
Quand notre corps nous parle…
Je dis souvent que le corps est une machine fantastique qui nous envoie régulièrement des signaux pour nous dire s’il aime ou non la façon dont nous gérons notre vie. Quand on la gère bien, on ressent de la quiétude, du bien-être, et on se sent vibrer de l’intérieur. Quand on la gère mal, on ressent du stress, de l’anxiété, et on se sent vide ou paniqué. En cabinet privé, je vois tellement de gens manifestant une foule de symptômes inexpliqués: maux de tête, maux de ventre, perte d’appétit, de sommeil… Ils interprètent cela comme un signe de faiblesse, alors que c’est souvent une façon pour le corps de nous dire qu’«il est en désaccord» avec un aspect de notre vie. Le rôle du psy, c’est de nous en faire prendre conscience et de nous outiller pour faire en sorte de nous sentir mieux dans notre tête et dans notre corps.

La voix de la déraison
En plus des messages que notre corps nous envoie, il faut porter attention à ce que notre tête nous dit, sans rien tenir pour acquis. En effet, je dis à mes patients que si on prenait plus souvent le temps d’évaluer la validité des pensées qui défilent dans notre tête à la vitesse du son, on constaterait que, la plupart du temps, on se fait du cinéma digne des plus grands films dramatiques! «Je ne serai jamais capable», «C’est plus fort que moi», «Je ne suis pas raisonnable», «C’est l’enfer», «Pourquoi ça arrive juste à moi?», «C’est impossible», «Il FAUT que…» (versus «j’ai envie de…»), «Ils vont penser que…»

Ce sont quelques exemples de pensées qui surgissent dans notre esprit comme des éclairs et nous font douter de nous. Le problème, c’est qu’on ne prend pas le temps de les conscientiser et de vérifier leur validité. Le rôle du psy est aussi de nous aider à prendre conscience de ce qu’on se dit, de nous aider à reformuler des pensées plus réalistes qui nous permettent de maximiser notre potentiel au lieu de nous tirer vers le bas.

Le jeune athlète dans mon bureau a compris que ses symptômes (stress, déprime, fatigue) venaient du fait qu’il prenait ses peurs («Je n’y arriverai jamais», «Les autres sont meilleurs que moi»…) pour la réalité et qu’il se sabotait. Il a compris qu’oser rêver c’est stimulant et que le plaisir des Olympiques commence aujourd’hui même et non à Rio en 2014. Il a compris qu’une grande partie de l’entraînement n’est pas sur la piste d’athlétisme, mais dans sa tête, maintenant. Il a compris que l’échec, ce n’est pas de perdre aux JO, mais de ne pas faire ce qu’il peut dans son quotidien pour tenter d’y parvenir. Et que dans cet espace où il donne le meilleur de lui-même, il vivra une foule d’expériences uniques qui le mèneront à de belles réalisations, quelles qu’elles soient. Il comprend qu’avoir peur d’échouer et, donc, d’abandonner son rêve avant même d’avoir essayé, c’est le pire échec qui soit. Le rôle du psy, c’est d’amener à comprendre tout ça.

Efficace, le psy?
«Au cours des 20 dernières années, des études scientifiques ont non seulement démontré que les interventions psychologiques sont efficaces dans le traitement d’une foule de maladies physiques, mais de plus en plus d’entre elles démontrent que les facteurs psychosociaux ont un impact direct sur les paramètres biologiques et sur l’état de santé physique. Que ce soit dans le traitement du diabète, des maux de tête chroniques, de l’arthrite rhumatoïde, des maladies cardiovasculaires, du cancer, des douleurs lombaires, du syndrome de fatigue chronique, pour ne nommer que ceux-là, les interventions des psychologues de la santé: 1) améliorent la santé mentale; 2) contribuent à améliorer la santé physique par l’adoption de saines habitudes de vie; 3) contribuent à faire respecter les plans de traitement; et 4) sont souvent économiquement rentables.» J’ai publié l’intégralité de cette citation dans la revue Psychologie Québec en 2010*.

Quelques outils de psy pour maximiser votre potentiel
Je porte attention aux signaux que mon corps m’envoie et je me pose certaines questions. Par exemple: si je donne une voix à mes symptômes, que cherchent-ils à me dire exactement? Ce mal de tête qui revient sans cesse, il veut me dire quoi? Ce bien-être que je ressens actuellement, il est dû à quoi?
2 Je porte attention aux pensées qui déferlent dans ma tête et j’évalue leur validité. Je me demande: «Est-ce vrai que je ne serai jamais capable?», «Est-ce vrai que mes collègues vont penser que je suis
irresponsable parce que j’arrive en retard?» Et si c’est faux, quelle pensée serait plus réaliste?
Au lieu de me demander comment je vais faire pour atteindre mon but ultime, qui est bien loin devant, je regarde quels petits pas je peux faire aujourd’hui pour maximiser mon potentiel.
Je visualise l’atteinte de mon but. Je le vois clairement et je ressens le plaisir qui en découle. Cette énergie me motive et m’encourage à faire mes petits pas aujourd’hui.

* www.ordrepsy.qc.ca/pdf/Psy_Qc_vol_27_no3_Mai2010.pdf

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